mercredi 29 avril 2009

Bertrand Petit, Keiko Yokoyama: Trois pierres, cinq fleurs (petit traité du jardin japonais)

Depuis des siècles, les Japonais entretiennent une relation très proche avec la nature, et leurs jardins témoignent de ce profond attachement. Chacun d'eux, qu'il soit dédié à la contemplation ou à la promenade, est le résultat d'un travail de conception élaboré tant d'un point de vue architectural que symbolique.

Les premiers écrits japonais sur le thème remontent au XIe siècle. Le texte fondateur présenté ici date de 1395, époque fortement marquée par le développement du bouddhisme zen; c'est la première fois qu'il est traduit en français.

Dans ce recueil de traditions secrètes, on apprend l'art de poser les pierres, celui de construire "l'île du souffle d'en haut" et d'atteindre ainsi "deux bonheurs et trois biens"...

Poèmes de grands auteurs japonais et calligraphies de Keiko Yokoyama viennent délicatement émailler cet étrange traité où la science du jardin mêle souvent recherche esthétique et préoccupations philosophiques.

Bill Bryson: Nos voisins du dessous - Chroniques australiennes


L'Australie n'est pas seulement célèbre pour ses kangourous, ses drag-queens et ses surfeurs. On y trouve aussi les bestioles les plus voraces et venimeuses du globe, des déserts où mieux vaut ne pas s'aventurer pour un petit besoin, et puis de drôles de gens persuadés que vous les prenez pour des ploucs du bout des antipodes.

Bill Bryson, l'illustre auteur de Motel Blues et American rigolos, aimerait ressembler à Indiana Jones plutôt qu'à Mister Bean. Le voici donc surarmé de courage pour silloner l'Australie et en aborder les thèmes les plus divers: sa flore, sa faune et sa population, mais aussi l'histoire très singulière de son exploitation et de sa colonisation, sans oublier la "question aborigène", car si une plume aussi caustique traite d'un sujet aussi grave, c'est pour mieux nous en révéler toutes les aberrations.

mardi 28 avril 2009

Arnaldur Indriđason: Menschensöhne


Island, eine friedliche Insel im Nordatlantik? Mitnichten. Ein pensionierter Lehrer wird in der Innenstadt von Reykjavik brutal ermordet. Zur gleichen Zeit begeht einer seiner ehemaligen Schüler in der psychiatrischen Klinik Selbstmord. Dass ein Zusammenhang zwischen den beiden Fällen besteht, findet als Erster der jüngere Bruder des Selbstmörders heraus. Erlendur und seine Kollegen von der Kripo Reykjavik schalten sich ein...

Kommissar Erlendur Sveinsson ermittelt in seinem ersten Fall.

dimanche 26 avril 2009

Stefan Zweig: Vingt-quatre heures dans la vie d'une femme

Scandale dans une pension de famille "comme il faut", sur la Côte d'Azur du début du siècle: Mme Henriette, la femme d'un des clients, s'est enfuie avec un jeune homme qui pourtant n'avait passé là qu'une journée...

Seul le narrateur tente de comprendre cette "créature sans moralité", avec l'aide inattendue d'une vieille dame anglaise très distinguée, qui lui expliquera quels feux mal éteints cette aventure a ranimés chez la fugitive.

Ce récit d'une passion foudroyante, bref et aigu comme les affectionnait l'auteur d'Amok et du Joueur d'échecs, est une de ses plus incontestables réussites.

jeudi 23 avril 2009

Chantal Perrin-Van Hille: L'entretien avec le jury (concours, recrutement)

L'entretien avec le jury (épreuve maîtresse à l'oral des concours) s'adresse à tous les candidats aux concours et aux examens professionnels comme à tous ceux qui ont, dans ce cadre, à préparer un exposé sur leurs fonctions ou sur leur carrière. Car l'entretien avec le jury - exercice très proche de l'entretien d'embauche - répond bien à l'objectif majeur de l'administration: recruter les profils dont elle a besoin.

Sommaire:
1. Qui sont les protagonistes de l'entretien?
2. Quelles sont les caractéristiques d'un exposé performant?
3. Comment réaliser un exposé performant?
4. Comment répondre aux questions du jury?
5. Comment vivre le face à face
6. Comment gérer son trac?
7. Que faire après l'entretien?
En conclusion, deux conseils stratégiques.

mardi 21 avril 2009

Vilhelm Moberg: La saga des émigrants / 1. Au pays


Voici l'histoire des premiers pionniers suédois partis conquérir l'Amérique et comment leur vint l'idée de s'expatrier: Kristina et Karl Oskar, jeune couple héritier d'une terre aride qui ne parvient guère à nourrir les huit bouches de la maisonnée; Robert, le frère de Karl Oskar, un contemplatif qui aspire à la liberté... placé comme valet de ferme alors qu'il ne rêve que de l'Amérique; son compagnon d'infortune, Arvid; l'illuminé Danjel Andreasson, digne héritier de son ancêtre condamné pour hérésie; et la catin du village, Ulrika de Västergöhl, dont on se détourne quand on la croise, mais qu'on vibre de visiter la nuit, incognito...

Les paysans du Småland, province du sud-est de la Suède, vivaient paisiblement de leurs terres. En dehors des naissances, des mariages, des enterrements, ils ne connaissaient guère d'autre péripétie que l'alternance des saisons. Vers le milieu du XIXe siècle, cet ordre immuable commença à trembler sur ses bases. Les terres sans cesse divisées par les héritages vinrent à manquer. Et les échos venus d'au-delà de l'Océan donnèrent des envies de liberté.

Au pays est le premier volume de l'épopée de ces gens ordinaires animés du souffle de l'aventure et du formidable espoir de recommencer leur vie.

François Mauriac: Le baiser au lépreux

Jean Péloueyre est riche, mais d'une laideur peu soutenable. Or voici que pour des raisons pécuniaires on arrange son mariage avec la jolie Noémi d'Artiailh. Les deux jeunes époux vont connaître un conflit parallèle, lui entre son amour et la conscience de sa laideur, elle entre son désir d'être une authentique épouse chrétienne et sa répugnance physique pour le mari qu'on lui a imposé. Paru en 1922, Le baiser au lépreux fit scandale et imposa l'univers mauriacien, où les turpitudes cachées des familles bourgeoises se mêlent aux thèmes du romancier chrétien. Ce roman marque le début d'une série de chefs-d'oeuvre, qui culminera avec Thérèse Desqueyroux et Le noeud de vipères.

Luis Sepulveda: Le neveu d'Amérique


"Je venais de très loin à la recherche du minuscule vestige de mes racines andalouses".

Pour s'acquitter d'une promesse faite à son grand-père, Luis part pour le village andalou de ses ancêtres: Martos. Il parcourt d'abord l'Amérique latine, du Chili à la Patagonie, en passant par l'Equateur, et croise en chemin un curé alcoolique et un membre de la secte Hare Krishna. Il étudie la sociologie, côtoie les dictatures... pour sonder l'âme du sous-continent, et devenir homme.

Arni Thorarinsson: Le temps de la sorcière


"Oui, c'était bien un meurtre. Un meutre commis du sang le plus froid qui puisse couler dans les veines de quelqu'un".

Muté dans le nord de l'Islande, Einar, le sarcastique reporter du Journal du soir, se meurt d'ennui. D'autant qu'il ne boit plus une goutte d'alcool! Tout ceci deviendrait vite monotone... si ce n'étaient ces étranges faits divers qui semblent se multiplier: un étudiant disparaît, des adolescents se suicident...
Einar voit d'un autre oeil cette microsociété gangrénée par la corruption et la drogue.

jeudi 16 avril 2009

Federico Garcia Lorca: Romancero Gitan


Romancero Gitan est le plus célèbre des recueils de Garcia Lorca. Le poète y met en scène l'Andalousie et le monde gitan dans une tragédie musicale et poétique. Il y chante le drame de la condition humaine et les liens de l'amour fou avec la mort. Une superbe illustration des coplas andalouses (chants accompagnés à la guitare) et de l'âme espagnole du 20e siècle.

Echange de livres de poche... rien que pour s'amuser

Une amie m'a parlé hier d'un échange de livres de poche. Le principe est simple: on envoie un livre que l'on a lu et aimé à une personne sur une liste, et en retour, on doit recevoir jusqu'à 36 livres. Si je suis assez sceptique sur ce nombre, le principe me plait bien, et ça ne coûte pas grand chose!

Voici les règles de l'échange:
(Remarque: j'ai essayé d'accéder à l'adresse hotmail indiquée, mais elle ne fonctionne pas).

Envoyer un livre de poche que vous avez aimé à la première personne sur la liste jointe. 
 
Puis refaire une liste: 
 

1) Oter le nom de la personne actuellement en première position 

2) Mettre le nom de la personne en deuxième position en position n°1

3) Inscrire votre nom en position n°2 
 
Il ne doit y avoir que deux noms sur la liste à tout moment.

Envoyer une copie de cette nouvelle liste à 6 de vos amis qui aiment la lecture. Etant donné que la liste est sur une feuille à part, il vous suffit de photocopier cette page et la renvoyer, ou de la télécharger en vous rendant sur: 
www.hotmail.fr
taper l'adresse: echangedelivres@hotmail.fr 

mot de passe: poches 

ouvrir le courriel " Document à imprimer " 



Si vous ne pouvez pas participer dans les 10 jours, veuillez me le faire savoir (la personne en position n°2 sur la liste) afin de ne pas rompre cet échange. 
 
Une enveloppe contenant un livre de poche vous arrivera par courrier. Vous devriez recevoir 36 livres. Ce sera amusant de voir d'où ils viennent et quels genres de livres arriveront. 
 


Il est rare que les gens se désistent. Vous devriez recevoir tous ces livres pour le prix d'un seul livre que vous aurez acheté et lu. 
 
Envoyez donc votre livre à la personne n°1 sur la liste. 
 


Et bonne future lecture...

lundi 13 avril 2009

Marie Percot: Himalayas - Cachemire, Népal, Bouthan, Tibet...

Le défilé ne cesse de croître des Occidentaux qui cherchent à toucher du doigt le mystère de ces pays que l'on disait inaccessibles. Aventuriers tout d'abord, téméraires et solitaires, dont les récits embrasent encore l'imagination. Sportifs sacrilèges qui, par la magie d'une bouteille d'oxygène, baptisent 8000 mètres le séjour des dieux. Babas et trekkers enfin, venus recueillir coûte que coûte les signes d'une intangible étrangeté.
Le pays s'y prête, il est vrai. Rizières-tableaux des moyennes montagnes. Lacs mauves, plateaux arides et infinis du Tibet. Jungles exubérantes du Bouthan aux millions d'orchidées. Routes et sentiers vertigineux, ponts catastrophes, glaciers de strass... toute la nature ici est grandiose démesure.

Mais l'Himalaya n'est pas le bout du monde. C'est un carrefour. Autant de peuples, autant de langues, de coutumes, de légendes, de religions qui se mêlent et s'entremêlent dans une somptueuse bigarrure. Un peuple domine une vallée bientôt renversé par un autre, une religion arrive, se distord, convainc ou disparaît, une frontière s'ouvre et se referme...et partout les mêmes qualités singulières: une tranquille nonchalance, la joie de vivre et l'humour chevillé au corps.
L'Himalaya n'est pas un pays tragique, c'est un pays magique. Matérialisme ou trivialité les plus crus y vont de pair avec un irrationnel ou un mysticisme des plus débridés. Et si l'on rit de tout, tout est sacré aussi. Ce n'est pas pourtant une terre de paix, cela ne l'a jamais été et l'Himalaya est aujourd'hui la proie des stratégie des grandes puissances qu'il surplombe.
Encore une fois, la montagne magique est au centre du monde...

Arnaldur Indriđason: Hiver arctique

Le corps d'un petit garçon était couché dans la neige lorsque la voiture d'Erlendur est arrivée au pied de l'immeuble de banlieue, en cette fin d'après-midi glaciale de Reykjavik. Il avait douze ans, rêvait de forêts, ses parents avaient divorcé et sa mère venait de Thaïlande, son grand frère avait du mal à accepter un pays aussi froid.
Le commissaire Erlendur et son équipe n'ont aucun indice et vont explorer tous les préjugés qu'éveille la présence croissante d'immigrés dans une société fermée. Erlendur est pressé de voir cette enquête aboutir, il néglige ses autres affaires, bouscule cette femme qui pleure au téléphone et manque de philosophie quand ses enfants s'obstinnent à exiger de lui des explications sur sa vie qu'il n'a aucune envie de donner. La résolution surprenante de ce crime ne sortira pas Erlendur de son pessimisme sur ses contemporains.
Dans cet impressionnant dernier roman, Indridason surprend en nous plongeant dans un monde à la Simenon. Il a reçu pour ce livre et pour la troisième fois le prix Clé de Verre du roman noir scandinave.

dimanche 12 avril 2009

Alison Lurie: Un été à Key West


Jenny a consacré sa vie à son mari, le naturaliste Wilkie Walker. Elle est une créature aussi rare que les espèces en voie de disparition qu'il essaie de préserver. Mais cette année-là, au début de l'hiver, Wilkie lui paraît distant et déprimé. Au désespoir, Jenny le persuade de faire un séjour à Key West, mais le soleil et le paysage des tropiques ne font rien pour le dérider. Plus son mari se replie sur lui-même, plus Jenny s'implique dans la vie locale et s'intéresse aux séduisants personnages de l'île, comme Gerry, l'ex-poète beatnik, ou Lee, la propriétaire attirante et théâtrale d'une pension exclusivement pour femmes. Ce premier roman d'Alison Lurie depuis dix ans est l'un de ses romans les plus subtils, ironiques et agréables - un somptueux festin dans le cadre exotique de Key West en Floride.

samedi 11 avril 2009

JK Huysmans: Là-Bas

"Le mal d'âmes", comme disait Mallarmé, à la fin du siècle, et "le bizarre attardement, au Paris actuel, de la démonialité". Gilles de Rais mène le bal par l'intermédiaire d'un historien, Durtal, assoiffé de surnaturel et dont l'initiation sera faite par l'épouse hystérique et perverse d'un grand écrivain catholique. Messes noires et invocations sataniques s'ensuivent, qu'organise un prêtre excommunié, le chanoine Docre, qui s'est fait tracer sur la plante des pieds l'image de la croix afin de pouvoir la piétiner constamment et dont les plus innocents plaisirs sont de nourrir des souris blanches avec des hosties consacrées. Dans ce monde du sabbat et du blasphème, la raison ne survit que réfugiée dans une tour de Saint-Sulpice, où la femme du sonneur de cloches mitonne à l'intention de rares rescapés de divins pot-au-feu.

jeudi 9 avril 2009

BoosterBlog


http://www.boosterblog.com

Une nouveauté: la carte des visiteurs

En plus des statistiques du nombre de visites, je viens d'ajouter une carte pour voir d'où se connectent mes lecteurs.

mercredi 8 avril 2009

A l'école des plumes noires

En Suède, le polar devient une matière. Dont l’enseignement, en progression depuis dix ans, est suivi par des élèves se rêvant en Stieg Larsson et autre Camilla Läckberg.

Anne-Françoise Hivert, Libération, 7 avril 2009

Certains prennent des cours de yoga. D’autres apprennent à écrire un polar. La trentaine, Emma Vretblad, assistante sociale, a opté pour l’écriture. Depuis deux ans, cette petite blonde énergique suit des cours du soir, un mardi sur deux, à la Folkuniversitet de Stockholm. «Au début, c’était juste un hobby. J’avais envie de me mettre à l’écriture, sans savoir comment m’y prendre. J’ai commencé par rédiger une nouvelle. Puis l’histoire a grandi et c’est devenu un livre.» Depuis, elle écrit chaque jour, «le matin surtout», quand son bébé de huit mois fait la sieste. «Evidemment, dit-elle, plus j’avance et plus je me dis que ce serait marrant d’être publiée.»

Emma est loin d’être la seule à rêver de voir son livre trôner un jour dans une librairie. Depuis qu’ils ont fait leur apparition en Suède il y a une dizaine d’années, les ateliers d’initiation à l’écriture de romans policiers se sont multipliés. Et, partout, l’engouement est le même. «On pourrait proposer cinq fois plus de cours, on arriverait encore à les remplir», assure Sören Bondeson, professeur à la Folkuniversitet. Quant aux étudiants, «ils n’ont jamais été aussi sérieux», remarque Johan Wopenka, critique littéraire, membre de l’Académie suédoise du roman noir.

Bondeson confirme. Ses élèves «sont de plus en plus diplômés», avec «des carrières bien établies». Surtout, ils sont «déterminés à terminer un livre et le publier». Certains iront jusqu’à payer de leur propre poche l’édition de leur manuscrit. «Le polar est devenu le support idéal pour ceux qui veulent se livrer à une critique de la société», observe Wopenka. Le genre ne s’est jamais aussi bien porté en Suède, avec plus de 80 nouvelles parutions en 2008, contre une trentaine il y a dix ans. Le succès phénoménal de la série Millénium a encore suscité plus de vocations.

«Avec la crise, j’ai moins de clients, j’ai plus de temps»

Stieg Larsson, défunt auteur de ce best-seller mondial, n’avait pas eu, lui, besoin de cours d’écriture avant de se lancer dans son triptyque. Mais pourquoi se refuser un petit coup de pouce vers la gloire ? Il y a onze ans, Camilla Läckberg travaillait encore pour une compagnie d’électricité à Stockholm. La suite de l’histoire est désormais célèbre. Au Noël de 1998, son frère, sa mère et son mari lui offrent l’inscription à un atelier d’écriture organisé par la maison d’édition Ordfront. Cinq ans plus tard, elle publie son premier roman, la Princesse des glaces. Puis six autres, vendus à plus de 2,5 millions d’exemplaires en Suède et des centaines de milliers à l’étranger.

Asa Larsson et Jens Lapidus sont eux aussi passés par des cours du soir, avant de devenir les nouvelles stars du roman noir à la suédoise. «Quand ils sont arrivés, ils ne connaissaient rien», raconte sans ambages le prof Sören Bondeson. Asa Larsson était juriste à l’Office national des impôts. Jens Lapidus venait de terminer des études de droit. Les cours leur ont permis de «se découvrir». Le reste fut «une question de chance et de timing». Asa Larsson a percé en 2003 avec Horreur boréale. Jens Lapidus, en 2006 avec Stockholm noir, argent facile. Les deux ouvrages, sortis en France en 2006 et 2008, sont devenus des best-sellers en Suède.

Depuis, les agents littéraires se pressent à la sortie de la Folkuniversitet, en quête de nouveaux talents. Sören Bondeson est un homme très convoité. Mais que ses étudiants n’aillent pas se faire des idées. «Quand je les rencontre pour la première fois, je leur dis que, avant de penser à devenir le prochain Stieg Larsson, ils feraient bien de commencer par apprendre à écrire un dialogue ou construire une intrigue», dit-il.

Écrivain et poète, le bonhomme d’une cinquantaine d’années, tout de noir vêtu, donne des cours d’écriture depuis 1993. Il enseigne le polar depuis dix ans. «J’essaie de mettre en garde mes élèves contre toutes les erreurs qu’il m’a fallu dix ans pour apprendre à corriger, en espérant qu’il ne leur en faudra que deux.» Ses livres n’ont jamais été de gros succès commerciaux. Mais il s’en moque, se réjouissant plutôt des progrès de ses étudiants, «dont beaucoup écrivent déjà mieux que Camilla Läckberg», raille-t-il.

Anita Santesson, 43 ans, suit ses cours depuis un an. Cette mère de trois enfants a une petite entreprise de production audiovisuelle à Stockholm. «Avec la crise, j’ai moins de clients, ce qui me laisse du temps», se réjouit-elle. Deux jours par semaine, elle se consacre donc à l’écriture. Son livre, débuté en septembre, fait déjà 250 pages. Il lui en reste plus d’une centaine à rédiger. «C’est une version moderne de Faust, qui se déroule dans une banlieue difficile de Stockholm.» Betty, son héroïne, enseigne l’aérobic dans un lycée, quand elle se retrouve au centre d’un pacte entre le Mal, réincarné dans son voisin ex-drogué, et le Bien, qui a pris les formes d’une femme de ménage haïtienne.

Les cours, assure-t-elle, la font avancer. A chaque séance, les étudiants doivent remettre une vingtaine de pages de leur manuscrit. Chacun reçoit un exemplaire, qu’il devra lire et corriger pour la fois suivante. Les élèves sont une demi-douzaine. Ils ont entre 30 et 45 ans. L’un est juriste dans une banque, l’autre électricien, une troisième a publié déjà deux romans. Les critiques sont dures. Elles portent aussi bien sur la forme que le fond. «Mais c’est pour ça qu’on vient, autrement ça n’aurait aucun sens», observe Emma Vretblad, l’assistante sociale.

«Fais-en plutôt une grosse blonde moche»

Assis en face d’elle, Leffe est en tenue de travail. Il est électricien et suit les cours depuis un an. «Jeune, j’écrivais beaucoup, mais j’ai arrêté à 17 ans. Pourtant, j’ai toujours eu envie de m’y remettre.» Depuis, il n’arrête plus : «J’écris entre deux et trois heures tous les soirs, tout d’une traite, sans faire attention aux erreurs, quand les enfants sont couchés.» Grand amateur de thrillers américains, son héros est un prêteur sur gages, qui va se retrouver accusé à tort d’être un tueur en série et devra prouver son innocence.

Bondeson apprécie le rythme du récit, les personnages plein d’humour, mais il souhaiterait que Leffe tempère «le côté film américain». Par exemple, observe-t-il, «si, aux États-Unis, les médias sont immédiatement sur les lieux d’un crime, c’est pas comme ça que ça marche en Suède». Un autre conseil, à tout le groupe cette fois : «N’oubliez pas de penser à la chronologie. La photo d’un suspect ne peut pas se retrouver à la une des journaux dans la journée. Il faut du temps.»

Anita, elle, est gênée par un des personnages : une hackeuse maigrichonne qui lui rappelle trop la Lisbeth Salander de Stieg Larsson. «Fais-en plutôt une grosse blonde moche», suggère-t-elle. Leffe annote son manuscrit, en promettant de s’attaquer très vite au premier livre de la série Millénium, qu’il n’a toujours pas lu. Sa voisine de gauche, Lina Forss, a déjà publié deux romans et vient de terminer le troisième. Elle se moque de la passion des Suédois pour les cours. «C’est comme si on était incapable de faire quelque chose sans s’être assuré d’abord qu’on savait comment faire», dit-elle.

Mais tout le monde peut-il apprendre à écrire ? «Les cours ne feront certainement pas de n’importe qui un Henning Mankell, mais ils peuvent apporter des règles de base et certaines structures», estime le critique littéraire Johan Wopenka. Bertil Widerberg, fondateur du magazine Jury, consacré au roman policier, approuve : «Beaucoup pensent que les cours ne sont pas nécessaires. On a le talent ou bien on ne l’a pas. Mais, si on ne peut pas aider tout le monde à écrire un best-seller, je pense qu’on peut le faire pour quelques-uns.» L’idée d’enseigner le polar vient d’ailleurs de lui. En 1998, Bertil Widerberg contacte la maison d’édition Ordfront, qui organise déjà des ateliers d’écriture. Il veut inciter les femmes à se lancer dans le polar. «Elles représentaient la moitié du lectorat du roman policier, mais étaient très peu à en écrire.»

Les premiers cours leur sont donc réservés. L’ex-journaliste et critique littéraire Kerstin Matz et la romancière Ulla Trenter acceptent de s’en charger, s’allouant même les services d’un commissaire à la retraite. Ingemar Krusell a enquêté notamment sur l’assassinat, toujours non résolu, du Premier ministre suédois Olof Palme en 1986. Fan d’Ed McBain et d’Elizabeth George, il met en garde les élèves contre «les erreurs habituelles». La différence entre une interpellation et une mise en garde à vue. Les idées reçues sur les indices : «On pense par exemple que c’est facile de trouver de l’ADN, mais j’explique que ce n’est pas toujours le cas.»

«C’est mon mari qui m’a poussée à suivre des cours»

Le succès des cours a été tel qu’ils ont immédiatement proliféré. Il y en a pour tous les prix. Au printemps 2006, Camilla Läckberg animait une semaine de cours à Istanbul, avec la société Ordenrunt. Coût du voyage : 10 000 couronnes (930 euros). Un trimestre à la Folkuniversitet revient à 320 euros. Trois week-ends avec Ordfront à 450 euros. Et deux jours à Stockholm, avec Arne Dahl, à 80 euros.

Certains viennent, puis disparaissent sans laisser de trace. Kerstin Matz, 78 ans, se souvient par exemple de cette dame d’un certain âge, bourrée de talent, qui «avait écrit une histoire extraordinaire» pendant le cours. Depuis, elle n’a plus jamais fait parler d’elle. «Je continue pourtant à espérer tomber sur un de ses livres un jour», confie l’ancienne journaliste, grande admiratrice de Fred Vargas. Mais le succès ne dépend pas seulement du talent. Il faut aussi «beaucoup d’énergie et de volonté» pour finir un livre et le faire publier.

Anne Bovaller, 46 ans, n’en revient toujours pas d’avoir réussi. Son premier roman, la Chasse aux sangliers, sortira en août. Mère de trois enfants, elle travaille comme juriste dans une entreprise de services aériens. «C’est mon mari qui m’a poussée à suivre des cours. Il disait que je parlais trop et n’agissais pas assez.» Le prix, 450 euros, l’a fait hésiter. «C’est le coût d’un voyage.» En 2006, elle s’est finalement lancée. Un an plus tard, elle avait bouclé son premier livre. Elle a contacté une seule maison d’édition, Nordstedt, celle qui a découvert Stieg Larsson. Quelques semaines plus tard, elle signait son premier contrat. Et puis un deuxième, pour un second roman.

En France, Stieg Larsson et Camilla Läckberg sont publiés chez Actes Sud. Horreur boréale, d’Asa Larsson, chez Gallimard ; Stockholm noir, l’argent facile, de Jens Lapidus, chez Plon.

mardi 7 avril 2009

Henri Michaux: Idéogrammes en Chine


"Chine, pays où l'on méditait sur les tracés d'un calligraphe, comme en un autre pays on méditera sur un mantra, sur la substance, le principe, ou sur l'Essence.

Calligraphie auprès de laquelle, plus simplement, on se tient comme auprès d'un arbre, d'une roche, d'une source".

lundi 6 avril 2009

Pierre-Edouard Deldique: Couleurs du monde

"Après s'être moqué des préjugés sur les peuples dans Les têtes de Turcs, Pierre-Edouard Deldique poursuit son exploration des idées reçues. En nous entraînant dans un nouveau tour du monde, il nous montre cette fois que, malgré les discours convenus, nos pays n'ont pas perdu leurs couleurs. Et si la mondialisation incitait au contraire les peuples à retrouver leurs racines?"