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jeudi 31 décembre 2009

Lydie Salvayre: BW

Le 15 mai 2008, celui que dans le livre j'appelle BW perd brutalement l'usage de ses yeux.

Dans l'urgence de parler pour tenir tête au désarroi, BW me livre alors tout ce qu'il a gardé secret durant nos années de vie commune : ses fugues, ses frasques, ses trekkings dans l'Himalaya, sa fulgurante carrière de coureur à pied, les souvenirs obsédants d'un Liban déchiré par la guerre, autant d'expériences, autant de détours qui l'ont conduit, il y a trente ans, à travailler dans l'édition.

Car BW est éditeur, et la littérature, sa vie.

Avec une ironie désenchantée, il me parle, le jour, de ses quinze existences passées, de son métier déraisonnablement aimé et de sa décision, mûrie dans le noir, de tirer sa révérence devant les mœurs éditoriales qui lui sont peu à peu devenues étrangères.

Je compose, la nuit, le texte dont il est le centre, avec le sentiment que son geste de quitter ce que d'autres s'acharnent à rejoindre revêt aujourd'hui un sens qu'il faut, à tout prix, soutenir.

Tous deux nous nous sentons poussés comme jamais par une nécessité impérieuse. Pour lui, celle de dire ou de sombrer. Pour moi, celle d'écrire ces mots-là, et aucun autre.

Ce livre, écrit à vif, est le roman de cette traversée.

Lydie Salvayre

mardi 1 décembre 2009

Marguerite Duras: L'homme assis dans le couloir

L’homme assis dans le couloir est un long poème, une longue phrase qui ne finirait jamais. Un homme et une femme se perdent dans le désir. Le désir qui les brûle jusqu’à l’obsession et puis la honte et puis les coups. Ce poème est une longue traversée de l’intime, l’intime des corps avant la parole. Avant la possibilité de dire et donc avant la pensée.

Le texte est explicite, il est comme un fantasme dans cette rencontre. Ce texte, c’est la fulgurance, la force du corps, la force d’une langue abrupte et poétique.

Cette histoire peut ne pas avoir été vécue, elle a pu être fantasmée, rêvée; alors ce serait dans un climat tropical, à l’endroit de la mousson, un après-midi d’été juste avant l’orage.

Mais ce texte est aussi une métaphore sur le théâtre, en ce sens où cet amour n’existe que parce qu’une femme, l’auteur, les regarde. Il n’y a de théâtre que parce qu’il y a un spectateur, un œil qui le regarde. La jouissance serait-elle aussi forte si ce regard n’était pas là ? Et puis elle demande à être frappée, la jouissance serait-elle aussi totale sans cette "exécution"?

Chez Duras, il y a la mousson, l’amour fou, la brûlure, la possession infinie.

Des êtres sans début et sans fin… à cet endroit de la perte de soi-même.

samedi 7 novembre 2009

Catherine Millet: Jour de souffrance

Véritable coup de tonnerre littéraire: La vie sexuelle de Catherine M. révélait le regard singulier que l'auteur portait sur son corps et sur la liberté assumée de sa vie sexuelle. Aujourd'hui, elle raconte son "autre vie", celle où elle se découvre jalouse de manière étrange et imprévue. Elle traverse cette crise dans un élan paradoxal de jouissance douloureuse.