mercredi 27 février 2008

Olivier Rolin: Tigre en papier

C'est l'histoire d'un type qui raconte à la fille de son meilleur ami, mort depuis longtemps, ce que fut leur jeunesse à l'époque presque fabuleuse - la fin des années 60 - où l'on croyait dur comme fer à la Révolution.

Internet n'existait pas, ni le TGV ni les portables ni le câble ni les walkman ni les répondeurs. Les pavillons de Baltard ouvraient encore leurs parapluies au-dessus du ventre de Paris, la télé était en noir et blanc, le président Pompe allait succéder à De Gaulle. Au Vietnam la "guerre du peuple" défaisait la puissance américaine, les impérialistes étaient des tigres en papier, la Chine était rouge pour l'éternité, le Che plus grand mort que vivant. L'Internationale serait le genre humain. C'était dans la nuit des temps...

Voici donc la vie très horrificque de Martin et de son ami Treize et du reste de la bande, Fichaoui-dit-Julot, Reureu l'Hirsute, Momo-Mange-serrures, Judith et Chloé, Roger le Belge, tous les autres, les saints et les balances, les castagneurs et les pleutres, les rebelles et les fayots, avec leurs faits et prouesses épouvantables... Il y a dans cette histoire du grotesque mais aussi de la poésie brute, la bêtise y côtoie beaucoup de romantisme, on peut appeler ça comme ça.

La scène, le récit, se passe la nuit, dans une voiture qui tourne inlassablement sur les périphs, comme une navette spatiale satellisée autour de Paris. Moteur!

mercredi 20 février 2008

Osman Engin: Oberkanakengeil

Osman Engin ist ein Deutscher! Er kann es selbst kaum fassen: Was ein Pass doch nicht alles verändert! Sein ganzes Leben kommt ihm glanzvoller, erhabener vor und mit Vehemenz macht er sich daran, der deutschen Leitkultur zum Durchbruch zu verhelfen.
Keine Frage, dass er dafür bereit ist, die Existenz seiner Freunde vom Bä-En-De zu sichern, den Skinheads beim Säubern des deutschen Volkskörpers zu helfen und sich ansonsten bei Angriffen gegen Ausländer vorbildlich herauszuhalten.
Wenn da bloss nicht dieses Kanaken-Pack wäre, das behauptet, seine Familie zu sein!
Ein Glück, dass es im deutschen Fernsehen wenigstens die vielen Talkshows gibt, wo er sich alles von der Seele reden kann...

Zweiunddreissig neue une neueste Geschichten aus dem multikulturellen Durcheinander.

vendredi 15 février 2008

Peter Handke: La femme gauchère

"Sans raison", sous le coup d'une illumination qu'elle n'expliquera pas, et qu'elle ne s'explique sans doute pas elle-même, mais à laquelle elle a le courage d'obéir, la femme de ce récit demande à son mari de s'en aller, de la laisser seule avec son fils de huit ans. La voici, désormais, "libre". Le mot, trop grand, trop précis, n'est pas prononcé, ni pensé peut-être, mais les premiers moments d'allégresse disent bien le sentiment de la liberté recouvrée. Cependant, que promet, en fait, cette libération? D'abord, et pour longtemps, l'inéluctable apprentissage de la solitude. Apprentissage sans règle, sans forme, sans but, sans fin visible, sorte de régression absolue, dans une incertitude, un désarroi pires que ceux de l'enfance. Cette vie où les gestes les plus simples deviennent des évènements insolites, privés de naturel, ralentis ou syncopés, est-elle encore vivable? Avec la simplicité déroutante que nous lui connaissons, son laconisme tout à fait singulier, peut-être unique dans la littérature romanesque, Peter Handke impose puissamment à l'enchaînement des faits et gestes insignifiants de la vie quotidienne une dimension universelle et tragique. Ce livre peut être perçu aussi d'une façon plus secrète: la décision de rupture de "la femme", son choix de la solitude, apparemment gratuits, sont peut-être le signe au contraire de l'irruption en elle d'une exigence proprement spirituelle.

mardi 12 février 2008

Donna Tartt: Le maître des illusions

Introduit dans le cercle privilégié d'une université du Vermont, un jeune boursier californien s'intègre peu à peu dans un petit groupe d'étudiants de la grande bourgeoisie. Il découvre un monde insoupçonné de luxe, d'arrogance intellectuelle et de sophistication, en même temps que l'alcool, la drogue et d'étranges pratiques sataniques. Très vite, il pressent qu'on lui cache quelque chose de terrible et d'inavouable, un meurtre sauvage et gratuit qui l'entraîne, lui et ses camarades, dans un abîme de chantage, de trahison et de cruauté.