mardi 1 décembre 2009

Marguerite Duras: L'homme assis dans le couloir

L’homme assis dans le couloir est un long poème, une longue phrase qui ne finirait jamais. Un homme et une femme se perdent dans le désir. Le désir qui les brûle jusqu’à l’obsession et puis la honte et puis les coups. Ce poème est une longue traversée de l’intime, l’intime des corps avant la parole. Avant la possibilité de dire et donc avant la pensée.

Le texte est explicite, il est comme un fantasme dans cette rencontre. Ce texte, c’est la fulgurance, la force du corps, la force d’une langue abrupte et poétique.

Cette histoire peut ne pas avoir été vécue, elle a pu être fantasmée, rêvée; alors ce serait dans un climat tropical, à l’endroit de la mousson, un après-midi d’été juste avant l’orage.

Mais ce texte est aussi une métaphore sur le théâtre, en ce sens où cet amour n’existe que parce qu’une femme, l’auteur, les regarde. Il n’y a de théâtre que parce qu’il y a un spectateur, un œil qui le regarde. La jouissance serait-elle aussi forte si ce regard n’était pas là ? Et puis elle demande à être frappée, la jouissance serait-elle aussi totale sans cette "exécution"?

Chez Duras, il y a la mousson, l’amour fou, la brûlure, la possession infinie.

Des êtres sans début et sans fin… à cet endroit de la perte de soi-même.