vendredi 31 juillet 2009

Vilhelm Moberg: La saga des émigrants / 4. Les pionniers du Minnesota

Karl Oskar et Kristina se sont installés avec leurs compatriotes suédois au coeur de la forêt presque encore inviolée du Minnesota. Peu à peu, les Indiens ont cédé la place, chassés par la "civilisation". Bientôt toute une colonie suédoise vient peupler le territoire ; elle édifie une école et une église et constitue une paroisse. La première partie de ce volume raconte l'histoire de la fondation d'une communauté, avec ses balbutiements et les inévitables conflits qui surgissent.

Quelques années passent. Robert, le frère de Karl Oskar, revient parmi les siens après quatre ans d'absence et de silence. Il a bien changé, physiquement et moralement. Ses convictions et les idéaux qui le firent émigrer sont ébranlés. Il est en proie à une tenace mélancolie et a perdu tout appétit, y compris celui de vivre. La seconde partie du volume est consacrée au récit poignant d'un rêveur parti en quête de l'or, et qui revient avec une vision tragique de la valeur de l'homme et de ses ambitions.

samedi 25 juillet 2009

Rodolphe Rapetti: Le symbolisme

Innervant les arts et les lettres entre les vingt dernières années du 19e siècle et la Première Guerre mondiale, le courant symboliste contient en germe de nombreux aspects de l'art moderne, de l'abstraction au surréalisme. En révolte contre une époque marquée par le positivisme, il est essentiellement un art de l'idée et de la subjectivité, où se combinent quête de la modernité et recherche délibérée d'archaïsme.

Se nourrissant de la pensée philosophique des romantiques allemands, de la théorie baudelairienne des "correspondances" et de l'idée wagnérienne d'art total, il tend à une unité intemporelle entre l'homme et le monde, unité perdue qui ne sera retrouvée que dans l'évocation du mythe. Les préraphaélites anglais, Gustave Moreau, Puvis de Chavannes, comptent parmi les figures tutélaires de ce mouvement et nombre des personnalités les plus novatrices de cette période - Gauguin, Redon, Ensor, Munch ou Hodler, mais aussi Burne-Jones, Böcklin, Khnoppf et Klimt - figurèrent dans ses rangs. Cette grande synthèse présente le symbolisme sous un jour neuf et met en relief les particularités du contexte intellectuel européen dans lequel il s'est développé. Les innovations formelles de la fin du 19e siècle, du cloisonnisme à l'usage de la couleur inobjective, y sont analysées en profondeur.

Georges Banu: Nocturnes. Peindre la nuit. Jouer dans le noir

A travers la peinture et le théâtre, Georges Banu explore ici toutes les facettes d'un espace et d'un temps qui constituent un monde instable et envoûtant: la nuit.

Au début du 19e siècle, les peintres, suivant la vague romantique, représentèrent de nombreuses scènes et paysages nocturnes. Ils peignirent la nuit. Ce n'est pas tellement la nuit elle-même que saisirent les peintres, mais ce qu'elle contient, l'impact qu'elle a sur les êtres: ils peignirent l'état de nuit, qui donne la capacité de tolérer les incertitudes, les mystères et les doutes.

La nuit est peuplée, bruissante, étrange. Elle peut être dangereuse tout autant que rassurante.

Séductrice et mondaine, profonde et mystérieuse, claire et impitoyable, terrifiante ou bien veloutée et paisible, universelle ou absolument individualiste, païenne ou sacrée, la nuit est un vaste champ d'investigation de la vie, du rêve, de la pensée et de la recherche de soi.

L'être plongé dans la nuit s'éloigne des certitudes. Il repousse jusqu'à l'informel les limites du visible; il se fond dans l'immensité, dans l'éternité des formes effacées par la nuit. S'enfoncer dans la nuit équivaut à s'abstraire des contraintes de l'apparence et de l'ordre social.

En offrant le temps de la réflexion, la nuit favorise l'introspection; en abolissant les limites, elle permet l'évasion. Les sentiments s'y déploient à l'abri des jugements.

Des foules en liesse s'y retrouvent lors de fêtes rutilantes, des fuyards s'y réfugient, des êtres s'y complaisent dans une rêverie solitaire, d'autres y apaisent leurs tourments, y engloutissent leur détresse ou attendent avec appréhension qu'en ressurgissent leurs démons.

C'est de nuit que se font les arrestations et que l'on ourdit les complots. La nuit est le moment de prédilection des attaques par surprise. La nuit est le moment propice par excellence.

Qu'elle soit symbolique de la perdition des âmes et des corps ou d'un désir de dépassement du monde matériel, la nuit est intimement liée à la part obscure de l'être, à ses racines et à ses aspirations les plus secrètes. Elle est tout à la fois la fin et le commencement.

L'état de nuit est une humeur qui imprègne les œuvres de peinture mais aussi le théâtre. Ainsi, après la peinture, l'auteur nous entraîne-t-il dans l'histoire de la nuit sur scène et autour de la scène.

Brillamment illustré de nombreuses peintures rarement reproduites jusqu'ici - de Spilliaert, Munch, Friedrich, Redon, Radziwill, Turner, Courbet, Jansson, Sohlberg, Millet etc, et de superbes photos de scènes de théâtre, cet ouvrage nous entraîne avec bonheur à travers les aspects les plus changeants de la vie nocturne.

Christian Brandstätter: Le Wiener Werkstätte. Les Ateliers Viennois 1903-1932

Fondé au tout début du 20e siècle, le Wiener Werkstätte s'est donné pour objectif de réconcilier les arts nobles et appliqués, de diffuser l'art dans tous les domaines de la vie et d'accorder aux objets les plus simples du quotidien le même soin qu'aux œuvres d'art. S'inscrivant une dernière fois dans la recherche de "l'œuvre d'art totale", il la réalise de façon exemplaire avec le Palais Stoclet de Bruxelles qui reste la création collective majeure de l'Art Nouveau international. L'équipe dirigée par Josef Hoffmann et Kolo Moser ne délaissera aucun domaine de la création: outre des meubles, services de table, objets en métal, céramique et verre, livres, affiches et cartes postales, tapis, papiers à lettre et de bureau, ils dessineront aussi des bijoux, des tissus et des modèles de Haute Couture (le secteur le plus rentable).

Avec plus de 500 photos, cet ouvrage illustre parfaitement la production des principaux collaborateurs du Wiener Werkstätte, parmi lesquels Carl Otto Czeschka, Berthold Löffler, Michael Powolny, Vally Wieselthier, Eduard Josef Wimmer, Otto Lendecke, mais aussi Gustav Klimt, Egon Schiele et Oskar Kokoschka.

mardi 21 juillet 2009

Centre Pompidou: Africa Remix

Africa Remix, l'art contemporain d'un continent dessine, au travers des oeuvres de plus de 80 artistes africains ou d'origine africaine, un panorama des mutations identitaires, esthétiques, intellectuelles qui marquent la création bouillonnante, multiple et désormais incontournable de l'art contemporain africain. Cet ouvrage propose de découvrir les productions pluridisciplinaires, créées aussi bien sur le continent africain qu'au sein de la diaspora africaine d'Europe ou d'Amérique du Nord.

Organisé en trois chapitres, "Identité et histoire", "Corps et esprit", "Ville et terre", Africa Remix explore les thèmes du chaos et des métamorphoses provoqués par l'histoire et les migrations de populations, du choc causé par l'irruption d'un nouvel espace urbain dans des sociétés paysannes traditionnelles, et du synchrétisme culturel, qui font de l'Afrique un continent en mutation perpétuelle. Outre les textes des commissaires - Simon Njami, l'un des membres fondateurs de la Revue noire, Jean-Hubert Martin, David Elliott et Marie-Laure Bernadac -, l'ouvrage comprend des essais de Jean-Loup Amselle, Clémentine Deliss, Manthia Diawara, Lucy Duran, Abdelwahab Meddeb, Bernard Müller, Hudita Nura Mustafa et John Picton, qui abordent les domaines de la mode, du cinéma, de la musique, de la performance, ainsi que la position spécifique de l'Afrique du Nord, et les pratiques contemporaines générées par la mondialisation. Un dictionnaire illustré fournit également un appareil documentaire essentiel à la compréhension des origines et du contexte de la création contemporaine africaine.

Marine Degli, Marie Mauzé: Arts premiers. Le temps de la reconnaissance

"La qualité la plus frappante des arts primitifs, commune à tous, est leur intense vitalité. C'est quelque chose que les gens ont fait en réponse directe et immédiate à la vie": il s'agit là de la réaction d'un artiste, Henry Moore en 1941, mais beaucoup d'autres, au 20e siècle, ont contribué à faire évoluer le regard sur les productions des sociétés non occidentales. Une approche qui marque la fin d'un dogme: la suprématie de l'art des civilisations développées sur ce qu'on l'on appelait des "curiosités exotiques" et que résume cette déclaration: "les chefs-d'œuvre du monde entier naissent libres et égaux". Restait à leur donner la possibilité de rencontrer leur public. C'est chose faite, avec la présentation, au Musée du Quai Branly, d'exceptionnelles sculptures d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des Amériques. Marine Degli et Marie Mauzé retracent le long chemin vers la reconnaissance des Arts premiers.

dimanche 19 juillet 2009

Paul Di Filippo: The Steampunk Trilogy

First there was cyberpunk, pioneered by the likes of William Gibson and Bruce Sterling. Now comes steampunk, the twisted offspring of science fiction and post-modernism, a sassy, unpredictable tongue-in-cheek style of which the incomparable Paul Di Filippo is master.

Inside the wide realm of science fiction or out, there is nothing like the three short novels in The Steampunk Trilogy. Set in a very alternative 19th Century, they feature a mix of historical and imaginary figures. In Victoria, a young and lissome Queen Victoria disappears from her throne and is replaced by a sexy human/newt clone. The race is on to find the original Victoria and hide the terrible secret from the nation. In Hottentots, Massachussets is threatened by H.P. Lovecraft-style monsters from the deep and, of course, Hottentots; in Walt and Emily, Emily Dickinson hooks up with a robust and lusty Walt Whitman, loses her virginity, and travels to a dimension beyond time where she and her companions meet the future Allen Ginsberg.

With remarkable linguistic and historic precision, Di Filippo recreates a people and era fascinating to our late 20th Century sensibilities precisely because of their strict sets of social rules - and shatters the perfect picture with an outrageous premise.