vendredi 31 juillet 2009

Vilhelm Moberg: La saga des émigrants / 4. Les pionniers du Minnesota

Karl Oskar et Kristina se sont installés avec leurs compatriotes suédois au coeur de la forêt presque encore inviolée du Minnesota. Peu à peu, les Indiens ont cédé la place, chassés par la "civilisation". Bientôt toute une colonie suédoise vient peupler le territoire ; elle édifie une école et une église et constitue une paroisse. La première partie de ce volume raconte l'histoire de la fondation d'une communauté, avec ses balbutiements et les inévitables conflits qui surgissent.

Quelques années passent. Robert, le frère de Karl Oskar, revient parmi les siens après quatre ans d'absence et de silence. Il a bien changé, physiquement et moralement. Ses convictions et les idéaux qui le firent émigrer sont ébranlés. Il est en proie à une tenace mélancolie et a perdu tout appétit, y compris celui de vivre. La seconde partie du volume est consacrée au récit poignant d'un rêveur parti en quête de l'or, et qui revient avec une vision tragique de la valeur de l'homme et de ses ambitions.

samedi 25 juillet 2009

Rodolphe Rapetti: Le symbolisme

Innervant les arts et les lettres entre les vingt dernières années du 19e siècle et la Première Guerre mondiale, le courant symboliste contient en germe de nombreux aspects de l'art moderne, de l'abstraction au surréalisme. En révolte contre une époque marquée par le positivisme, il est essentiellement un art de l'idée et de la subjectivité, où se combinent quête de la modernité et recherche délibérée d'archaïsme.

Se nourrissant de la pensée philosophique des romantiques allemands, de la théorie baudelairienne des "correspondances" et de l'idée wagnérienne d'art total, il tend à une unité intemporelle entre l'homme et le monde, unité perdue qui ne sera retrouvée que dans l'évocation du mythe. Les préraphaélites anglais, Gustave Moreau, Puvis de Chavannes, comptent parmi les figures tutélaires de ce mouvement et nombre des personnalités les plus novatrices de cette période - Gauguin, Redon, Ensor, Munch ou Hodler, mais aussi Burne-Jones, Böcklin, Khnoppf et Klimt - figurèrent dans ses rangs. Cette grande synthèse présente le symbolisme sous un jour neuf et met en relief les particularités du contexte intellectuel européen dans lequel il s'est développé. Les innovations formelles de la fin du 19e siècle, du cloisonnisme à l'usage de la couleur inobjective, y sont analysées en profondeur.

Georges Banu: Nocturnes. Peindre la nuit. Jouer dans le noir

A travers la peinture et le théâtre, Georges Banu explore ici toutes les facettes d'un espace et d'un temps qui constituent un monde instable et envoûtant: la nuit.

Au début du 19e siècle, les peintres, suivant la vague romantique, représentèrent de nombreuses scènes et paysages nocturnes. Ils peignirent la nuit. Ce n'est pas tellement la nuit elle-même que saisirent les peintres, mais ce qu'elle contient, l'impact qu'elle a sur les êtres: ils peignirent l'état de nuit, qui donne la capacité de tolérer les incertitudes, les mystères et les doutes.

La nuit est peuplée, bruissante, étrange. Elle peut être dangereuse tout autant que rassurante.

Séductrice et mondaine, profonde et mystérieuse, claire et impitoyable, terrifiante ou bien veloutée et paisible, universelle ou absolument individualiste, païenne ou sacrée, la nuit est un vaste champ d'investigation de la vie, du rêve, de la pensée et de la recherche de soi.

L'être plongé dans la nuit s'éloigne des certitudes. Il repousse jusqu'à l'informel les limites du visible; il se fond dans l'immensité, dans l'éternité des formes effacées par la nuit. S'enfoncer dans la nuit équivaut à s'abstraire des contraintes de l'apparence et de l'ordre social.

En offrant le temps de la réflexion, la nuit favorise l'introspection; en abolissant les limites, elle permet l'évasion. Les sentiments s'y déploient à l'abri des jugements.

Des foules en liesse s'y retrouvent lors de fêtes rutilantes, des fuyards s'y réfugient, des êtres s'y complaisent dans une rêverie solitaire, d'autres y apaisent leurs tourments, y engloutissent leur détresse ou attendent avec appréhension qu'en ressurgissent leurs démons.

C'est de nuit que se font les arrestations et que l'on ourdit les complots. La nuit est le moment de prédilection des attaques par surprise. La nuit est le moment propice par excellence.

Qu'elle soit symbolique de la perdition des âmes et des corps ou d'un désir de dépassement du monde matériel, la nuit est intimement liée à la part obscure de l'être, à ses racines et à ses aspirations les plus secrètes. Elle est tout à la fois la fin et le commencement.

L'état de nuit est une humeur qui imprègne les œuvres de peinture mais aussi le théâtre. Ainsi, après la peinture, l'auteur nous entraîne-t-il dans l'histoire de la nuit sur scène et autour de la scène.

Brillamment illustré de nombreuses peintures rarement reproduites jusqu'ici - de Spilliaert, Munch, Friedrich, Redon, Radziwill, Turner, Courbet, Jansson, Sohlberg, Millet etc, et de superbes photos de scènes de théâtre, cet ouvrage nous entraîne avec bonheur à travers les aspects les plus changeants de la vie nocturne.

Christian Brandstätter: Le Wiener Werkstätte. Les Ateliers Viennois 1903-1932

Fondé au tout début du 20e siècle, le Wiener Werkstätte s'est donné pour objectif de réconcilier les arts nobles et appliqués, de diffuser l'art dans tous les domaines de la vie et d'accorder aux objets les plus simples du quotidien le même soin qu'aux œuvres d'art. S'inscrivant une dernière fois dans la recherche de "l'œuvre d'art totale", il la réalise de façon exemplaire avec le Palais Stoclet de Bruxelles qui reste la création collective majeure de l'Art Nouveau international. L'équipe dirigée par Josef Hoffmann et Kolo Moser ne délaissera aucun domaine de la création: outre des meubles, services de table, objets en métal, céramique et verre, livres, affiches et cartes postales, tapis, papiers à lettre et de bureau, ils dessineront aussi des bijoux, des tissus et des modèles de Haute Couture (le secteur le plus rentable).

Avec plus de 500 photos, cet ouvrage illustre parfaitement la production des principaux collaborateurs du Wiener Werkstätte, parmi lesquels Carl Otto Czeschka, Berthold Löffler, Michael Powolny, Vally Wieselthier, Eduard Josef Wimmer, Otto Lendecke, mais aussi Gustav Klimt, Egon Schiele et Oskar Kokoschka.

mardi 21 juillet 2009

Centre Pompidou: Africa Remix

Africa Remix, l'art contemporain d'un continent dessine, au travers des oeuvres de plus de 80 artistes africains ou d'origine africaine, un panorama des mutations identitaires, esthétiques, intellectuelles qui marquent la création bouillonnante, multiple et désormais incontournable de l'art contemporain africain. Cet ouvrage propose de découvrir les productions pluridisciplinaires, créées aussi bien sur le continent africain qu'au sein de la diaspora africaine d'Europe ou d'Amérique du Nord.

Organisé en trois chapitres, "Identité et histoire", "Corps et esprit", "Ville et terre", Africa Remix explore les thèmes du chaos et des métamorphoses provoqués par l'histoire et les migrations de populations, du choc causé par l'irruption d'un nouvel espace urbain dans des sociétés paysannes traditionnelles, et du synchrétisme culturel, qui font de l'Afrique un continent en mutation perpétuelle. Outre les textes des commissaires - Simon Njami, l'un des membres fondateurs de la Revue noire, Jean-Hubert Martin, David Elliott et Marie-Laure Bernadac -, l'ouvrage comprend des essais de Jean-Loup Amselle, Clémentine Deliss, Manthia Diawara, Lucy Duran, Abdelwahab Meddeb, Bernard Müller, Hudita Nura Mustafa et John Picton, qui abordent les domaines de la mode, du cinéma, de la musique, de la performance, ainsi que la position spécifique de l'Afrique du Nord, et les pratiques contemporaines générées par la mondialisation. Un dictionnaire illustré fournit également un appareil documentaire essentiel à la compréhension des origines et du contexte de la création contemporaine africaine.

Marine Degli, Marie Mauzé: Arts premiers. Le temps de la reconnaissance

"La qualité la plus frappante des arts primitifs, commune à tous, est leur intense vitalité. C'est quelque chose que les gens ont fait en réponse directe et immédiate à la vie": il s'agit là de la réaction d'un artiste, Henry Moore en 1941, mais beaucoup d'autres, au 20e siècle, ont contribué à faire évoluer le regard sur les productions des sociétés non occidentales. Une approche qui marque la fin d'un dogme: la suprématie de l'art des civilisations développées sur ce qu'on l'on appelait des "curiosités exotiques" et que résume cette déclaration: "les chefs-d'œuvre du monde entier naissent libres et égaux". Restait à leur donner la possibilité de rencontrer leur public. C'est chose faite, avec la présentation, au Musée du Quai Branly, d'exceptionnelles sculptures d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des Amériques. Marine Degli et Marie Mauzé retracent le long chemin vers la reconnaissance des Arts premiers.

dimanche 19 juillet 2009

Paul Di Filippo: The Steampunk Trilogy

First there was cyberpunk, pioneered by the likes of William Gibson and Bruce Sterling. Now comes steampunk, the twisted offspring of science fiction and post-modernism, a sassy, unpredictable tongue-in-cheek style of which the incomparable Paul Di Filippo is master.

Inside the wide realm of science fiction or out, there is nothing like the three short novels in The Steampunk Trilogy. Set in a very alternative 19th Century, they feature a mix of historical and imaginary figures. In Victoria, a young and lissome Queen Victoria disappears from her throne and is replaced by a sexy human/newt clone. The race is on to find the original Victoria and hide the terrible secret from the nation. In Hottentots, Massachussets is threatened by H.P. Lovecraft-style monsters from the deep and, of course, Hottentots; in Walt and Emily, Emily Dickinson hooks up with a robust and lusty Walt Whitman, loses her virginity, and travels to a dimension beyond time where she and her companions meet the future Allen Ginsberg.

With remarkable linguistic and historic precision, Di Filippo recreates a people and era fascinating to our late 20th Century sensibilities precisely because of their strict sets of social rules - and shatters the perfect picture with an outrageous premise.

vendredi 17 juillet 2009

Christian Lefèvre: Gouverner les métropoles


Les métropoles sont devenues les lieux où se posent les grands enjeux, anciens et nouveaux, de nos sociétés modernes: lieux de la production des richesses et du développement économique, espaces où se jouent les solidarités et le "vivre ensemble" de populations toujours plus diverses sur les plans sociaux, culturels et ethniques, territoires où se posent avec acuité les problèmes environnementaux. Malgré l'importance des métropoles, leur gouvernement reste tributaire de logiques d'acteurs (Etat, collectivités locales, entreprises, habitants) qui privilégient le plus souvent d'autres échelles et les empêchent ainsi de devenir de véritables territoires politiques.

mardi 14 juillet 2009

Tahar Ben Jelloun: Au pays

A quelques mois de la retraite, Mohamed n'a aucune envie de quitter l'atelier où il a travaillé presque toute sa vie depuis qu'il est parti du bled. Afin de chasser le malaise diffus qui l'envahit, il s'interroge sur lui-même avec simplicité et humilité. Il pense à son amour profond pour l'islam, dont il n'aime pas les dérives fanatiques; il se désole de voir ses enfants si éloignés de leurs racines marocaines; il réalise surtout à quel point la retraite est pour lui le plus grand malheur de son existence.

Un matin, il prend la route de son village natal, décidé à construire une immense maison qui accueillera tous ses enfants.

Un retour "au pays" qui sera loin de ressembler à ce qu'il imaginait.

lundi 13 juillet 2009

Frank Mordacq: La réforme de l'Etat par l'audit

LOLF, SMR, audits de modernisation, RGPP: les années 2000 ont vu fleurir de nouvelles formes de réformes de l'Etat en France. Il est vrai que la réforme de l'Etat a déjà connu plusieurs visages à travers le temps: simplifications, nouvelle gestion publique, transferts de compétences, déconcentration, réexamen des missions, nouvelles règles budgétaires et comptables, ...

L'Etat doit naturellement se moderniser pour s'adapter, comme toute grande organisation, à un environnement changeant. Mais la France reste un pays très endetté qui connaît la dépense publique la plus élevée en Europe. Il doit en conséquence assainir la situation de ses finances publiques, retrouver des marges de manœuvre et, pour ce faire, procéder à des réformes de structures indispensables.

Pour répondre à cette ambition, l'Etat a décidé d'appliquer une nouvelle méthode, la réforme par l'audit. Comme dans une grande entreprise, l'Etat a réalisé l'audit interne de ses processus, de son organisation et de ses missions. Il l'a fait selon une méthode rigoureuse mise en place par le ministère du Budget, avec l'aide des corps d'inspection, assisté par des cabinets de conseil: les audits de modernisation de 2005 à 2007 puis la révision générale des politiques publiques (RGPP) menée sous l'autorité du président de la République depuis 2007.

Cet ouvrage raconte les différentes familles de réforme de l'Etat que notre pays a connues avant de détailler les nouvelles modalités d'audit interne public utilisées pour réformer aujourd'hui notre Etat.

Charles Schaettel: L'art naïf


Introduction/ Le monde des naïfs

Chapitre 1/ Émergence de l'ingénuité
Le contexte critique - Les sources de l'art naïf - Les naïfs avant le Naïf - La rupture de l'art moderne

Chapitre 2/ Lectures de l'art naïf
La solitude de l'artiste - Le langage des ingénus - Les paradoxes de la naïveté - Le bon grain et l'ivraie

Chapitre 3/ Une histoire de Douanier
État de la question - Le temps du mépris - Quelques tableaux de référence - L'héritage du Douanier

Chapitre 4/ Aux frontières de l'art naïf
L'art brut - Les "Singuliers de l'art"

Chapitre 5/ Les naïfs du monde
Aspects de la communauté naïve - L'Europe des Naïfs - Les Amériques ingénues - L'Afrique du Nord

dimanche 12 juillet 2009

Yasmina Khadra: L'imposture des mots

Lorsqu'en janvier 2001 Yasmina Khadra publie L'Ecrivain et révèle sa véritable identité - il est commandant dans l'armée algérienne et s'appelle Mohammed Moulessehoul -, il ne s'attendait pas à devoir rendre des comptes sur son passé d'officier supérieur.

Yasmina Khadra a décrit mieux que quiconque les mécanismes de l'intégrisme qui menace notre monde et des organisations politico-financières qui détruisent son pays. Pourtant on lui demande de renier une institution dont il explique justement dans L'Ecrivain le rôle capital qu'elle a joué dans son existence.

Face à cette déconvenue, Yasmina Khadra a réagi en écrivain. Sans aigreur ni amertume, il a choisi de raconter son désarroi à ses lecteurs, les seuls interlocuteurs qui lui paraissent dignes de la juger. On croise dans son livre Nietzsche, Kateb Yacine, ses maîtres de toujours. Mais aussi ses propres personnages qui le persécutent: Zane, l'abominable nain des Agneaux du Seigneur, Salah l'Indochine, l'immonde recruteur du GIA d'A quoi rêvent les loups et le regretté commissaire Llob.

Et surtout, au-delà de la confrontation avec la réalité du monde de l'édition jusque-là un peu mythifié, Yasmina Khadra se retrouvera face au commandant Moulessehoul. Lequel lui rappellera que, dans le jeu cruel qui a opposé le militaire et l'écrivain, il n'est pas facile de savoir qui a eu le plus à perdre.

Avec humour, lucidité et courage, Yasmina Khadra nous donne ici l'un des textes les plus surprenants de ces dernières années.

samedi 11 juillet 2009

Nancy Green: Et ils peuplèrent l'Amérique. L'odyssée des émigrants

Au commencement étaient les Indiens. Puis vinrent les colons, les esclaves et les émigrants. Au long du 19e siècle, fuyant misère ou oppression, des millions d'hommes et de femmes quittent la vieille Europe pour le Nouveau Monde, symbole de réussite et de liberté. Britanniques, Irlandais, Scandinaves, Allemands, Italiens, Juifs, Slaves, Asiatiques débarquent à Ellis ou Angel Island. Sur la Frontière ou dans les villes, à l'Est ou à l'Ouest, ils vont construire l'Amérique. Aujourd'hui, tandis que les émigrants continuent d'affluer de tous les continents, le débat sur l'identité américaine et le rêve du melting-pot est toujours aussi brûlant. Nancy Green, historienne et américaine, raconte l'odyssée de ses ancêtres.

Vilhelm Moberg: La saga des émigrants / 3. La terre bénie

Après une longue et rude traversée, le Charlotta entre dans le port de New-York. Les Suédois qui ont tout quitté - leur terre et leur famille - foulent enfin le sol du Nouveau Monde. Ils croient être arrivés, mais ce n'est qu'une étape.

Robert et Arvid sont tentés par les charmes de "la plus belle rue du monde", Broadway, mais Karl Oskar et Kristina savent qu'il faut poursuivre le voyage. Ensemble, ils apprivoisent le monstre qui crache le feu, la voiture à vapeur, pour se rendre jusqu'au Mississippi.

Quand ils arrivent, l'hiver s'annonce. Il va leur falloir encore une fois se battre pour survivre, encore une fois affronter des difficultés qu'ils croyaient avoir laissées en Suède et s'adapter à un pays au climat rude, peuplé de sauvages à la peau cuivrée, striée de couleurs éclatantes et effrayantes.

Tout est à construire, tout est possible.

jeudi 9 juillet 2009

Yslaire: Sambre / 5. Maudit soit le fruit de ses entrailles...

Brest 1857. Julie à survécu. Condamnée à vie pour crimes et activités révolutionnaires, le bagne de Brest est désormais son univers, avant celui de Cayenne...
Pendant ce temps, Bernard-Marie Sambre est élevé à la Bastide dans le culte de son père, de ses ancêtres, et le déni de sa mère. Car sa tante Sarah l'a décidé : la troisième génération des Sambre ne peut être la dernière...

Yslaire: Sambre / 4. Faut-il que nous mourions ensemble?

Paris, 23 février 1848. Au matin , la révolution semble ratée. Mais la tragédie ne fait que commencer. Il y a un proverbe arabe qui dit "Ce n'est pas la balle qui tue mais la destinée..." Et celle que Bernard et Julie se sont juré de vivre, c'est de mourir ensemble... Histoire d'un amour fou et d'une révolution trop jeune qui finit dans le sang.

Yslaire: Sambre / 3. Liberté, liberté...

21-22 février 1848. La révolte gronde et le peuple se mobilise aux cris de "Liberté, liberté"... "Mais la révolution a tant de visage... Il y a celle guidant le peuple, que Delacroix a peinte en 1830, il y a celle de 1848, que Valdieu ne peindra pas, et puis il y a celle dont Bernard rêve et qui ressemble à une fille aux yeux rouges... Dans le Paris troublé de février 48, chacun paiera le prix pour avoir voulu la posséder, et changer sa destinée... car La Guerre des Yeux est éternelle et sans merci.

Yslaire, Balac: Sambre / 2. Je sais que tu viendras

Paris, janvier 1848. Accusée du crime de la mère Sambre, Julie se réfugie à Paris... Torturé par le doute et le remords, Bernard saisit le premier prétexte offert par le cousin Guizot pour rejoindre la Capitale. Il ne sait pas encore que sa quête le fait marcher dans les traces de son père et des fantômes de La Guerre des yeux... "Je sais que tu viendras", écrivait Julie avant de s'enfuir...

mercredi 8 juillet 2009

Laurent Danchin: Art brut. L'instinct créateur

"La vraie création ne prend pas souci d'être ou de n'être pas de l'art", affirmait le peintre Jean Dubuffet, qui a inventé la notion d'art brut en 1945 et constitué la première collection d'œuvres désignées sous ce nom. Découvert dans les hôpitaux psychiatriques, puis dans les milieux spirites et le jardin secret d'originaux visionnaires, l'art brut est une forme d'expression plastique spontanée dont les auteurs - architectes, sculpteurs, peintres, dessinateurs ou fabricants de machines, d'assemblages et de broderies - sont dépourvus de formation artistique et œuvrent poussés par un instinct créateur obsessionnel. Mais l'art brut ne se limite pas à l'entreprise historique de Dubuffet: il a des antécédents et des dérivés, dont Laurent Danchin retrace l'histoire avec passion, depuis les collections asilaires du début du 20e siècle jusqu'à l'art "outsider" international d'aujourd'hui.

mardi 7 juillet 2009

Georges Perec: Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour?

De temps à autre, il est bon qu'un poète, que n'effraie pas l'air raréfié des cimes, ose s'élever au-dessus du vulgaire pour, dans un souffle épique, exalter notre aujourd'hui. Car ne nous y trompons pas : ces courageux jeunes gens qui, au plus fort de la guerre, ont tout tenté (en vain, hélas!) pour éviter l'enfer algérien à un jeune militaire qui criait grâce, ce sont les vrais successeurs d'Ajax et d'Achille, d'Hercule et de Télémaque, des Argonautes, des Trois Mousquetaires et même du Capitaine Nemo, de Saint-Exupéry, de Teilhard de Chardin...
Quant aux lecteurs que les vertus de l'épopée laissent insensibles, ils trouveront dans ce petit livre suffisamment de digressions et de parenthèses pour y glaner leur plaisir, et en particulier une recette de riz aux olives qui devrait satisfaire les plus difficiles.

Emile Zola: La fortune des Rougon

Dans la petite ville provençale de Plassans, au lendemain du coup d'État d'où va naître le Second Empire, deux adolescents, Miette et Silvère, se mêlent aux insurgés. Leur histoire d'amour comme le soulèvement des républicains traversent le roman, mais au-delà d'eux, c'est aussi la naissance d'une famille qui se trouve évoquée : les Rougon en même temps que les Macquart dont la double lignée, légitime et bâtarde, descend de la grand-mère de Silvère, Tante Dide. Et entre Pierre Rougon et son demi-frère Antoine Macquart, la lutte rapidement va s'ouvrir. Premier roman de la longue série des Rougon-Macquart, La Fortune des Rougon que Zola fait paraître en 1871 est bien le roman des origines. Au moment où s'installe le régime impérial que l'écrivain pourfend, c'est ici que commence la patiente conquête du pouvoir et de l'argent, une lente ascension familiale qui doit faire oublier les commencements sordides, dans la misère et dans le crime. "Votre comédie est tragique ", écrit Hugo juste après avoir lu le livre : "Vous avez le dessin ferme, la couleur franche, le relief, la vérité, la vie. Continuez ces études profondes".

vendredi 3 juillet 2009

Farid Tali: Prosopopée


Un corps meurt, et se désassemble. C'est le récit de ce qui n'est presque plus. Partie à partie, le mort se raconte. Et le texte avec lui se déroule en morceaux.

Georges Perec: Les choses

Dans ce récit si simple et si uni qu'il convient d'en souligner l'originalité profonde, Georges Perec tente, le premier avec cette rigueur, de mettre au service d'une entreprise romanesque les enseignements de l'analyse sociologique. Il nous décrit la vie quotidienne d'un jeune couple d'aujourd'hui issu des classes moyennes, l'idée que ces jeunes gens se font du bonheur, les raisons pour lesquelles ce bonheur leur reste inaccessible - car il est lié aux choses que l'on acquiert, il est asservissement aux choses. "C'est qu'il y a, dira Georges Perec, entre les choses du monde moderne et le bonheur, un rapport obligé... Ceux qui se sont imaginé que je condamnais la société de consommation n'ont vraiment rien compris à mon livre. Mais ce bonheur demeure possible; car, dans notre société capitaliste, c'est : choses promises ne sont pas choses dues."

A. J. Jacobs: L'année où j'ai vécu selon la Bible

Ne vous y trompez pas: A. J. Jacobs n'est pas un religieux. C'est un juif new-yorkais tout ce qu'il y a de plus laïque, qui, au départ de cette aventure, ne sait pas grand-chose de la Bible. Mais frappé par la résurgence de la foi et le nombre croissant d'Américains déclarant prendre les Ecritures au pied de la lettre, il s'est mis à douter. Serait-il possible que tant d'hommes et de femmes soient victimes d'une illusion monumentale? Ou bien est-ce lui qui passe à côté d'une expérience humaine essentielle, comme quelqu'un qui traverserait l'existence sans jamais écouter Beethoven ou tomber amoureux? Pour en avoir le cœur net, il va lire la Bible et tenter de la suivre aussi littéralement que possible. Observer les dix commandements. Etre fécond et multiple. Aimer son prochain. Mais aussi se plier à ces règles que l'on néglige trop souvent: ne pas raser les coins de sa barbe, jouer de la harpe à dix cordes et, bien sûr, lapider les adultères. Il s'absorbe dans la prière, garde des moutons dans le désert israélien, mange des criquets, pourfend l'idolâtrie et dit la vérité nue en toute circonstance... au grand dam de ses proches.

Mais il part également à la rencontre des différentes communautés religieuses littéralistes. Il fait la visite guidée d'un musée créationniste et chante des hymnes avec un amish de Pennsylvanie. Il danse avec les hassidim de Brooklyn et débat des Ecritures avec un témoin de Jéhovah. Aux prises avec des règles apparemment archaïques qui déconcertent son cerveau du 21e siècle, il découvre aussi une sagesse biblique ancienne restée d'une pertinence frappante. Empreint de respect autant que d'irrévérence, le voyage spirituel qui en découle est à la fois drôle et profond, personnel et universel. Que vous soyez croyant, agnostique ou athée, il pourrait bien changer votre regard sur le livre le plus influent de l'Histoire.