Tapis de prièreA la mosquée un jour je m'en vins, bon apôtre,
Certes pas pour prier, pour y subtiliser
Un tapis de prière... Et l'amour l'a usé,
Alors je suis venu pour en chercher un autre.
Pourquoi?
Au seuil de notre amour, ce n'était que tendresse.
Pourquoi m'avoir alors montré tant de douceur?
Et pourquoi maintenant, après tant de caresses,
Ton seul plaisir est-il de déchirer mon coeur?
Ne frappe personne
De ta sagesse, ami, que nul n'ait à souffrir,
Domine ta colère et sans cesse pardonne.
Pour la paix de ton coeur accepte sans gémir
Le destin qui te frappe, et ne frappe personne.
Les quatrains ou robaïyat d'Omar Khayyam ont une renommée universelle. Ils ont fait l'objet de maintes transcriptions plus ou moins libres au fil des siècles. Celle que nous propose ici Jean Rullier a voulu répondre au quatrain persan - quatre vers de treize pieds - par son équivalent le plus naturel, le quatrain français, mais avec des vers de douze pieds, c'est-à-dire des alexandrins. Quelques exceptions, ici et là, confirment la règle.
Par ailleurs, Jean Rullier s'est attaché à suivre avec rigueur les traductions littérales des orientalistes, en n'introduisant aucune idée nouvelle étrangère au quatrain d'origine.
Enfin, il a considéré comme essentiel de présenter ces 180 quatrains dans un ordre aussi logique que possible, correspondant, dans les grandes lignes, aux différentes époques de la vie de l'auteur. Les éditions précédentes les donnaient à lire plutôt dans le désordre ou regroupés par thèmes. Ces trois exigences font que cette nouvelle édition est sûrement la plus poétique et la plus agréable, tout en restant fidèle à la pensée de Khayyam.
Omar Khayyam, né en Perse en 1048, fut un des plus grands savants du Moyen-Age. Mathématicien, géomètre et astronome célèbre dans tout l'Orient, il fut aussi philosophe dans la lignée d'Avicenne. L'interdiction qui frappait ses écrits en Iran depuis 1979 vient d'être levée.