L'Apocalypse de Saint-Jean rapporte que quand l'agneau ouvrit le deuxième sceau, il en sortir un cheval roux dont le cavalier reçut le pouvoir d'ôter la paix de la terre. Cette allégorie traduit de manière flamboyante l'ambivalence que la tradition a, de tout temps, prêtée aux roux. Gloire et opprobre à la fois, violence destructrice et trésor caché, l'image du roux fut toujours et d'abord celle de l'excès. Au 19e siècle, puritain et bourgeois, l'opprobre l'emporte: roux et rousses sont souvent voués aux gémonies. Inversement, notre époque valorise la singularité et bien des héros littéraires, publicitaires ou de bandes dessinées sont roux. Qui sont-ils, ces hommes et ces femmes que la seule couleur de leurs cheveux stigmatise? Ont-ils réellement une identité en tant que groupe? A travers cette quête qui prend la forme d'une traque, pleine de surprises et d'humour, Xavier Fauche décrit aussi de l'intérieur la place symbolique de toute minorité. Celle qui, en dernière instance, ne se définit que par le regard que les autres portent sur elle.